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Muriel Havas

L’interview de Muriel Havas – Blablacar

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis Muriel Havas, Directrice de l’Immobilier et de l’Environnement de Travail chez BlaBlaCar. J’ai travaillé pendant 17 ans chez Goldman Sachs en tant que VP des Services Généraux de la filiale Real Estate, puis j’ai rejoint Blablacar il y a 7 ans, la plateforme mondiale de covoiturage.

Je suis responsable de la stratégie immobilière du groupe, l’Office management et le Facility management de l’entreprise, en France et à l’étranger (Brésil, Espagne, Pologne, Russie et Ukraine).

 

J’ai remarqué que vous n’étiez pas seuls dans le bâtiment ?

Absolument, nous louons 4 800 m² et sous-louons 1 400 m². Nous sommes Mono locataire mais avons négocié la sous location jusqu’à 95% des surfaces. En accord avec notre ADN d’agilité et flexibilité.

Nous avons volontairement co-designé le bâtiment en 2018, avec les architectes du cabinet Eschallier et le promoteur 6eme Sens pour être multi locataires. Chaque étage peut être indépendant et autonome, tout en étant accessible à tous et à tout moment. Nous avons adopté un modèle d’occupation flexible, passant d’un modèle mono-occupant à un modèle multi-occupant. Ce choix nous permet de mieux répondre à nos enjeux de flexibilité, aux besoins de nos locataires et de proposer à tous, des espaces de travail adaptés à leurs besoins spécifiques.

Nous avons également mis en place des espaces communs pour encourager les interactions et les échanges entre les occupants, tels que des salles de réunion, des espaces de détente, une cuisine commune et même un jardin partagé sur le toit. L’objectif était de créer un environnement de travail agréable et stimulant pour les occupants tout en maximisant l’utilisation de l’espace et en minimisant les coûts.

 

En fin de compte, êtes-vous également un opérateur d’espace de bureau ?

En quelque sorte, oui. Je me suis beaucoup inspirée du secteur du coworking pour notre approche opérationnelle. Cela reprend aussi quelque part notre engagement communautaire (n’oublions pas que BlaBlaCar repose sur une communauté de plus de 100 millions de membres dans le monde). Nous gérons l’ensemble de l’immeuble pour nous-mêmes, bien sûr, mais aussi pour nos sous-locataires. Nous organisons chaque mois des activités pour animer les lieux et ses occupants. Nous disposons également d’un amphithéâtre, d’une salle de sport, d’un studio de musique et d’un étage consacré aux salles de réunion, que nous partageons avec les autres occupants.

Nous veillons à ce que chaque mètre carré soit utilisé et qu’il n’y ait aucun espace perdu. En fin de compte, nous sommes passés d’un centre de coût à un centre de profit en ajoutant l’activité de Property management / Opérateur d’espaces en plus de l’Office Management et de la Facility Management.

 

Comment voyez vous cette évolution de votre métier aujourd’hui ?

Mon métier a considérablement évolué. Autrefois, nous fournissions des consommables et effectuions principalement des achats. Aujourd’hui, nous nous occupons principalement du bien-être des employés. Ce n’est évidemment pas la même approche. Ce que l’on peut lire au travers de la nouvelle terminologie « Environnement de Travail » !

Nous négocions également avec nos partenaires différemment, en partageant des valeurs similaires et en proposant des produits et services de qualité. Notre relation avec les parties prenantes a évolué de manière positive, sachant que les réponses d’aujourd’hui ne sont probablement pas celles de demain.

 

Comment se traduisent vos engagements RSE au quotidien ?

La culture d’entreprise de Blablacar se caractérise par une forte écoresponsabilité qui se traduit par des choix opérationnels concrets. Par exemple, dans notre bâtiment de 4 800m², nous n’avons que 5 imprimantes, n’utilisons aucun détergent, recyclons jusqu’à 95% de nos déchets que nous pouvons tracer et ce via une société qui emploie des personnes en situation de handicap et utilisons du mobilier de seconde main. Nous avons des lave- verres pros pour nos mugs et verres (pas de gobelet ni plastiques) pour des programmes courts 1 à 2 mn max donc très peu d’eau, de consommation électrique et pas de produit détergent. Nous posons de la moquette qui peut être recyclée après usage.  Nous avons basculé en énergie 100% verte certifiée avec Volterres et nous cherchons constamment des moyens d’améliorer la sobriété énergétique du bâtiment, comme l’installation de panneaux photovoltaïques ou la récupération d’eau de pluie pour les sanitaires que nous étudions en ce moment.

En résumé, tout est fait pour que nous puissions être écoresponsable jusqu’au bout. Le seul « luxe » que nous nous octroyons, c’est un café de qualité de la torréfaction Ducasse, pour la plus grande satisfaction de tous les collaborateurs (en économie quasi locale puisqu’elle est située au pied de notre immeuble).

 

Quelle est la place de la culture d’entreprise dans votre organisation du travail ?

Elle est primordiale et fait partie intégrale de notre organisation. Nous avions déjà développé le télétravail avant la pandémie, mais c’est vrai qu’il s’est accentué, en fonction des métiers bien entendu. Actuellement, 26% de la population de BlaBlaCar est en full remote, mais le bureau est le lieu dans lequel on vient pour se voir, pour retrouver l’ADN et vivre plus intensément la mission et l’engagement de BlaBlaCar.

Même en full remote les collaborateurs reviennent au moins une fois par mois. C’est important pour maintenir l’équilibre de l’entreprise et des personnes qui la compose. Cela relève de la cohésion et contribue au sentiment d’adhésion et d’appartenance à l’entreprise. La culture d’entreprise est donc un élément important pour BlaBlaCar.

 

Qu’est ce qui vous a fait progresser dans votre métier ?

La crise énergétique a été une source d’apprentissage importante pour moi et pour l’ensemble de l’entreprise. Nous avons mis en place des mesures pour répondre aux besoins d’économie d’énergie et de diminution de notre empreinte carbone. Nous avons notamment travaillé sur l’optimisation de nos data et l’utilisation de sources d’énergie renouvelables.

Nous encourageons nos employés à proposer des idées et des solutions pour améliorer notre efficacité énergétique et réduire notre impact environnemental. La culture du feed back as gift, qui est très prononcée chez nous est un véritable moteur de progression.

Par ailleurs, nous considérons les contraintes comme des opportunités d’apprentissage et de progrès. La crise énergétique nous a poussés à repenser notre façon de travailler et à adopter de nouvelles pratiques plus respectueuses de l’environnement. Nous continuons à évoluer et à progresser dans ce domaine, en cherchant constamment à améliorer notre empreinte écologique et à contribuer à la transition énergétique.

Enfin, il y a bien évidemment la transformation de l’organisation du travail, de l’hybridation et des nouveaux comportements que cela engendre, les nouvelles attentes liées à cette nouvelle approche. Il faut repenser les espaces, ou tout du moins les adapter en permanence. Repenser les attentes des collaborateurs lorsqu’ils sont au bureau. Bureau qui devient une destination choisie et qui doit donc apporter une expérience particulière de qualité et servicielle aux salaries.